Marraine du 25e Printemps des Poètes, l'actrice Amira Casar est habitée par toutes les formes d’art. Comédienne sans frontières, elle considère que la poésie, la musique, et le désir sont plus forts que la vie. Rencontre avec une artiste aventureuse et totale.
Avec
- Amira Casar Actrice
Elle a tourné dans près de 70 films, de Call me by your name à La Vérité si je mens, du cinéaste Bertrand Bonello aux frères Larrieu en passant par Catherine Breillat, Amira Casar s’est aussi beaucoup produite sur scène, et notamment dans des oratorios.Passionnée de poésie, elle est cette année la marraine de la 25e édition Printemps des Poètes qui se déroule jusqu’au 27 mars. Mais elle est également une grande connaisseuse de la musique, et de l'opéra en général. Wagner, Bartok, Korngold, Maria Callas ou encore Teodor Currentzis, la liste des compositeurs et interprètes qu'elle nous a suggérée est impressionnante, précise et exigeante.
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Amira Casar aurait aimé être musicienne, et même chanteuse, à l'instar de sa mère, cantatrice russe, qui l'a initiée à la musique: "J'aime quand les comédiens chantent, c'est plus poétique, car on ne cherche pas la perfection de la note, mais on cherche autre chose." La comédienne a participé à de nombreux oratorios en tant que récitante, notamment au Festival de Salzbourg,où elle se produira cet été avec l'Orchestre Utopia, dans The Indian Queen de Purcell, sous la direction de Teodor Currentzis, et dans une mise en scène de Peter Sellars. Mais elle est devenue comédienne pour les mots: "Ce sont les mots des auteurs qui m'ont transpercée, la poésie crée un dialogue obsessionnel. Quand un poème vous parle, il met en marche une forme d'extase esthétique, et ambulatoire. Quand je tourne, je me suis rendue compte que c'était difficile de lire des romans car ils me déplacent autrement, alors qu'un poème vient comme un support sur le travail que je fais. Le poème n'interfère pas, il est plus condensé, plus concis, il met le wagon de pensée ambulatoire en éveil."
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La poésie comme une obsession
Amira Casar découvre la poésie pendant son enfance en Angleterre, grâce à une professeure très excentrique, une sorte de "Sarah Bernhardt, avec une voix rauque et un manteau en fourrure". Elle lui a transmis la poésie deWalter de la Mare, les sonnets de Shakespeare, les poètes romantiques comme Byron ou Shelley et après les poètes français comme Ronsard*.* Le 20 mars, à la Chapelle des Beaux-Arts de Paris, Amira Casar, entourée des musiciens Marie-Suzanne de Loye et Rusan Filiztek, récitera les mots de Henri Michaux, de Rilke, de Mahmoud Darwich, de Anna Akhmatova, de Marceline Desbordes-Valmore, ou encore Apollinaire pour ne citer qu'eux: "Chez Apollinaire, dans le désespoir, il y a toujours une fenêtre d'humour, il parle de l'éternel ailleurs, il parle de ses fantasmes, de l'ailleurs tout en étant dans les tranchées." Quand elle est sur scène, elle a l'impression "de regrimper dans le corps de ma mère, c'est amniotique, c'est un éternel ailleurs" pour elle.
Lors de sa rencontre avec l'auteur russeSoljenitsyne, celui-ci l'a comparé à la femme de Pouchkine. Mais il en est une autre à laquelle elle ressemble, Maria Callas, qu'elle aime profondément: "Elle a une puissance tragique qui porte toute l'histoire de l'humanité dans sa voix, et dans la laideur, dans la transcendance de l'humanité." Qui sait, un jour, elle l'incarnera au cinéma ou ailleurs. Peut-être même un jour, elle mettra en scène un opéra. On l'espère en tout cas.
Actualités de Amira Casar
- Elle est la marraine de la 25e édition du Printemps des Poètes qui se déroule du 11 au 27 mars
- Lecture inédite avec Amira Casar, entourée de deux musiciens Marie-Suzanne de Loye à la viole de gambe et Rusan Filiztek, le lundi 20 mars à 19h à la Chapelle des Beaux-Arts de Paris
- Elle sera Léonor en récitante dans Indian Queen de Purcell, avec l’Orchestre Utopia, sous la direction de Teodor Currentzis, et une mise en scène de Peter Sellars en juillet et août 2023 au Festival de Salzburg
- Elle a contribué au livre de Denise Wendel-Poray The last days of opera dans lequel elle a écrit un essai publié en janvier 2023 aux éditions Skira
- Elle joue la mère d’Anne Franck dans la série A Small Light, de Susanna Fogel, disponible le 1er mai sur la plateforme Disney Plus
À réécouter : Amira Casar : "A chaque fois que je vais à l'opéra, c'est métaphysique, je regrimpe dans le corps de ma mère"
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